29 octobre 2010
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Marc Buffat, « Diderot, Falconet et l’amour de la postérité », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, ID : 10.4000/rde.3452
La dispute sur la postérité qui oppose Diderot et Falconet porte sur le rôle de la postérité dans la création artistique. Pour Diderot c’est la représentation de la postérité qui pousse l’artiste à créer ; pour Falconet au contraire, c’est un impératif esthétique qui n’a rien à voir avec la postérité. C’est que Diderot entend, au sens le plus littéral du terme, la voix de la postérité, alors que pour Falconet la postérité demeure une représentation mentale qui ne le touche pas. Car, sous-tendant cette querelle, on trouve l’opposition de deux conceptions de la représentation (de l’image mentale) : elle est pour Diderot dotée de la même matérialité qu’une perception, alors que pour Falconet elle est seulement « cosa mentale ». Il y a pour Diderot une matérialité du mental (c’est ce que l’on a appelé son monisme) alors que Falconet est dualiste : matière et pensée sont distinctes et finalement seule existe la réalité matérielle. À Diderot pour qui l’artiste est mû par l’amour de la postérité, s’oppose un Falconet pour qui la postérité n’existe pas. Et si l’on considère que la postérité d’une œuvre d’art commence avec sa réception, alors pour Diderot la création artistique est un acte d’amour pour le public des lecteurs spectateurs ou auditeurs, alors que pour Falconet l’artiste est seul et ne crée pour personne. En définitive, à travers la question de l’existence de la postérité c’est celle de la réception des œuvres qui est posée : pour Falconet l’œuvre d’art est sans réception.