29 octobre 2010
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Jean Sgard, « Diderot et La Religieuse en chemise », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, ID : 10.4000/rde.3492
Diderot évoque, dans le Salon de 1765, une aimable conversation avec Mlle Babuti au sujet de contes licencieux qu’il prétend rechercher. La scène est visiblement inventée, mais il paraît très possible qu’au moment d’écrire Les Bijoux indiscrets, Diderot ait lu ou relu quelques classiques du conte libertin, dont Vénus dans le cloître ou la religieuse en chemise de Chavigny de La Bretonnière (1682). De cette lecture, on trouve la trace dans La Religieuse. Chavigny peut apparaître comme l’inventeur du dialogue libertin et anticlérical, et l’arrière plan de son dialogue est nettement philosophique et politique : il développe une critique aiguë du cloître, représenté comme une prison d’État, et l’internement arbitraire comme la cause de toutes les déviances sexuelles qu’on y observe. A cette analyse, Diderot doit beaucoup, mais il tient en même temps à se démarquer d’un genre libertin qui l’avait naguère conduit en prison. Il décrit, comme Chavigny, la tyrannie familiale ou ecclésiastique, les intrigues du cloître, les déviances sexuelles, mais il rend toute sa gravité à un thème traditionnellement voué à la comédie et à la satire.