12 décembre 2013
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Yoichi Sumi, « Traduire Diderot aujourd’hui », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, ID : 10.4000/rde.5024
À partir d’une réflexion sur les problèmes de la traductologie chez Diderot, cette étude essaye de situer la « poétique » du Philosophe - étroitement liée à ses idées sur la traduction - non plus dans son originalité exclusivement personnelle et spécifique, mais dans le courant de la longue tradition du classicisme français. Les idées comme « idées accessoires », « syllogismes » ne sont pas originales à Diderot, mais issues d’une longue tradition philosophique et grammaticale inaugurée par la Logique de Port-Royal. Celle-ci servait de fondement à l’étude de tous les faits de rhétorique ou de style, non seulement pour Diderot, mais encore et surtout pour les « grammairiens philosophes » : Dumarsais, Beauzé, Batteux ou Condillac. Le « prosaïsme » des grammairiens des Lumières se fait vivement sentir dès qu’il s’agit d’appliquer la théorie de La Logique de Port-Royal au domaine pédagogique de la traduction : on perçoit ce que fut la méthode de la traduction interlinéaire prônée par Dumarsais ou Beauzée comme instrument didactique. Diderot, de son côté, poursuit une expérience fondamentale à la fois sensorielle et émotionnelle pour fonder sa poétique. C’est une cosmologie matérialiste qui fait circuler, nécessaires ou contingents, tous les phénomènes de la nature autour de syllogismes. Pour lui, les idées accessoires ne relèvent plus de l’ordre langagier ou conceptuel, mais d’un registre cosmique et universel. Fidèle jusqu’à un certain point au modèle janséniste pour le maintien du concept d’« idée confuse », de « double message » ou d’« idée accessoire », Diderot quitte pourtant ces grammairiens, et même la Logique, afin d’assurer sa propre autonomie philosophique et stylistique. Enfin, on propose ici quelques réflexions sur les multiples problèmes, insolubles, que rencontrent nécessairement les traducteurs japonais de Diderot. Comment rendre fidèlement en un japonais délesté de toutes les gaucheries du mot à mot « le style polype » du philosophe ?