La religion de Diderot…

Fiche du document

Date

12 décembre 2018

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/0769-0886

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1955-2416

Organisation

OpenEdition

Licences

All rights reserved , info:eu-repo/semantics/openAccess



Citer ce document

Georges Benrekassa, « La religion de Diderot… », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, ID : 10.4000/rde.5626


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

L’athéisme incontestable, que Diderot n’a cessé d’approfondir et qui, s’il trouve si on peut dire, une première forme accomplie, sous tous rapports, dans le Rêve de D’Alembert, n’est pas pour lui une question spéculative, réglée dès les Additions aux Pensées philosophiques, mais un mode permanent du combat philosophique centré sur ce qui est pour les hommes des Lumières l’essentiel, comme l’avait mis en évidence René Pomeau : la récusation d’un christianisme qui est une religion de l’incarnation, ce dont il tire tous ses prestiges et une part de sa force, et à quoi un penseur de la « corporéité » et de l’enthousiasme, n’a pu que se confronter. Cela peut aller du blasphème à l’exaltation de la vie, et même se ramener à une distance tolérante. Mais La Religieuse reste un témoignage de la puissance du « passionnel » sur ses victimes mêmes. Il doit rester que « ne pas croire », premier et ultime pas de la philosophie, déclara-t-il à Angélique, à la veille de sa mort, a été une longue et complexe entreprise dont on doit penser qu’elle trouve son problématique dernier acte dans la conclusion « lucrécienne » des Éléments de physiologie, mettant à bonne distance l’empire du « maître absolu », le scenario final ne faisant que pousser à l’extrême une règle constante d’insoumission première de toute la vie.

Diderot’s undoubted atheism, which he continuously deepened and whose first complete form is found, one might say, in the Rêve de D’Alembert, was not for him a purely speculative question, decided already in the Additions aux Pensées philosophiques. It isa permanent form of philosophical struggle, centred on what was the essential point for enlightened thinkers, as René Pomeau showed, i.e. the refusal of Christianity, which is a religion of incarnation, from which it draws its prestige and part of its force ; something that could only be opposed by a thinker of ‘bodiliness’ and enthusiasm. This opposition could go from blasphemy to the exaltation of life, and even be reduced to a tolerant distance. But La Religieuse remains a witness to the power of ‘passion’ over its very victims. ‘Not to believe’, which is the first and last step of philosophy, as Diderot declared to Angélique just before he died, was a long and complex undertaking whose problematic last act is found in the ‘Lucretian’ conclusion to the Éléments de physiologie, distancing himself from the power of the ‘absolute master’ ; the final scenario merely pushed to the extreme a constant rule of his whole life, the fundamental refusal to submit.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en