12 décembre 2018
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Georges Benrekassa, « La religion de Diderot… », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, ID : 10.4000/rde.5626
L’athéisme incontestable, que Diderot n’a cessé d’approfondir et qui, s’il trouve si on peut dire, une première forme accomplie, sous tous rapports, dans le Rêve de D’Alembert, n’est pas pour lui une question spéculative, réglée dès les Additions aux Pensées philosophiques, mais un mode permanent du combat philosophique centré sur ce qui est pour les hommes des Lumières l’essentiel, comme l’avait mis en évidence René Pomeau : la récusation d’un christianisme qui est une religion de l’incarnation, ce dont il tire tous ses prestiges et une part de sa force, et à quoi un penseur de la « corporéité » et de l’enthousiasme, n’a pu que se confronter. Cela peut aller du blasphème à l’exaltation de la vie, et même se ramener à une distance tolérante. Mais La Religieuse reste un témoignage de la puissance du « passionnel » sur ses victimes mêmes. Il doit rester que « ne pas croire », premier et ultime pas de la philosophie, déclara-t-il à Angélique, à la veille de sa mort, a été une longue et complexe entreprise dont on doit penser qu’elle trouve son problématique dernier acte dans la conclusion « lucrécienne » des Éléments de physiologie, mettant à bonne distance l’empire du « maître absolu », le scenario final ne faisant que pousser à l’extrême une règle constante d’insoumission première de toute la vie.