20 janvier 2020
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Marianne Albertan-Coppola, « Charité bien ordonnée ou redistribution des richesses dans les contes et romans de Diderot », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, ID : 10.4000/rde.6200
Derrière les nombreuses scènes de charité aux vertus comiques ou pathétiques, si bien orchestrées par Diderot conteur, on peut lire non seulement la sensibilité de l’homme aux injustices sociales, mais aussi la question morale lancinante de l’éducation au bien et surtout le souci économique et politique du philosophe concernant la bonne destination et la juste circulation de l’argent. Le philosophe des Lumières, on ne s’en étonnera pas, ne prône pas une utilisation égoïste de l’argent. Ses écrits théoriques l’affirment, ses œuvres de fiction l’illustrent ou, mieux, l’expérimentent : elles dessinent une conception du transfert des fonds qui révèle un rapport particulier de Diderot à l’argent. Aussi, nombreuses sont les scènes d’aumône dans son œuvre romanesque qui dessinent, ouvertement ou en creux, un modèle de charité bien ordonnée. Mais elles sont également l’occasion pour l’auteur de dénoncer l’injustice des lois religieuses et civiles au profit de la bienfaisance venue du cœur. Une réorientation de l’argent s’impose donc à ses yeux entre redistribution et restitution, l’idéal résidant dans le partage des richesses. En effet, dans la fiction diderotienne, la charité mal ordonnée finit souvent par trouver réparation, il faut seulement laisser aux personnages européens le temps d’apprendre, ce que les Tahitiens pratiquent naturellement : le partage.