20 janvier 2020
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Georges Dulac, « Politique de civilisation en Russie selon Ribeiro Sanches (et Diderot) », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, ID : 10.4000/rde.6242
Parmi les nombreux mémoires que le Dr Ribeiro Sanches a adressés à Pétersbourg entre 1765 et 1771 sur les moyens de hâter le développement économique et culturel de la Russie, figurent plusieurs projets de colonisation intérieure : l’un d’eux concerne l’installation de soldats vétérans comme colons libres dans les villages de Russie ; un autre, l’établissement de colonies de Russes dans les régions frontalières, surtout dans les pays baltes. Ces propositions, très argumentées et adaptées aux spécificités régionales, excluent l’appel à des colons étrangers, contrairement à la politique pratiquée par Catherine II. Diderot, qui a été en relations assez suivies avec Sanches et s’est inspiré de ses vues sur la Russie, a au contraire formulé avec insistance la proposition d’y installer une colonie d’hommes « très libres, tels que les Suisses », afin d’y développer par leur exemple « le sentiment de la liberté ». Cependant la divergence avec Sanches est bien moindre qu’il pourrait sembler, si l’on considère que surtout dans les dernières pages écrites pour l’Histoire des deux Indes, en 1780, la proposition du philosophe n’est guère, dans son contexte, qu’une fiction symbolique qui, hors de toute perspective politique réelle, signale ce chemin de la liberté que les deux penseurs jugeaient nécessaire, mais que la Russie de Catherine II n’empruntera pas.