La zone grise de l’allophonie : « mouvements secondaires » et scolarisation des « UPE2A italiens » de Strasbourg

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23 juillet 2019

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Simona Tersigni et al., « La zone grise de l’allophonie : « mouvements secondaires » et scolarisation des « UPE2A italiens » de Strasbourg », Revue européenne des migrations internationales, ID : 10.4000/remi.11796


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Le recours à la catégorisation institutionnelle d’élèves allophones mérite d’être éclairé par l’analyse de la singularité dans la prise en charge de ceux qui bénéficient du dispositif UPE2A (Unité pédagogique pour les élèves allophones arrivants) en provenance d’Italie et d’ascendance nord-africaine. Mené à Strasbourg, notre terrain d’enquête montre qu’après un début de scolarisation en Italie depuis la maternelle, ces jeunes s’établissent en France avec leur famille. Leur allophonie est scolairement jugée peu problématique par l’institution et pourtant sa dimension atténuée d’altérité linguistique, mais aussi sociale et culturelle questionne. Les modalités d’accueil et d’accessibilité de ces élèves aux dispositifs spécialisés et à la classe ordinaire dessinent une bande de contention à l’intérieur d’une zone de relégation qui se justifie par leurs besoins spécifiques en français de scolarisation. Ce cas d’étude spécifique montre que l’école publique crée ses propres frontières à l’intérieur d’une dialectique de captation à l’égard de la relocalisation en cours des frontières européennes. Ces enfants et adolescents arrivant dans le cadre des « mouvements secondaires » prouvent l’autonomie de leur famille face à la crise économique et celle de l’accueil des nouveaux pays d’immigration de l’Europe du Sud. Ils mettent également à l’épreuve l’institution scolaire française, en dévoilant des politiques éducatives d’urgence qui risquent à long terme de réinjecter les effets de leur segmentation au-delà de l’espace scolaire. Enfin, l’« allophonie tempérée » des élèves italo-nord-africains permet de repenser la redéfinition des frontières internes à l’Europe politique. Fonctionnant selon des pratiques irrégulières de suspension temporelle et de fragmentation spatiale, ces frontières exercent un impact sur les sujets dans la production d’une constellation de statuts différents ainsi que dans de multiples processus de classements et ségrégation.

The institutional category of “allophone [non French-speaking] student” is here questioned by the analysis of a specific case study: namely, students of North African origin arriving from Italy and entering the UPE2A (pedagogical unit for allophone incoming students) in Strasbourg. After having been educated in Italy since preschool, such students migrated to France along with their families as a result of a “secondary movement”. Since they are Italian speakers, their allophony is considered as “less problematic” by the school system, and yet the attenuate dimensions of their linguistic, cultural and social otherness is investigated. The students’ access to both specific and ordinary classes draws a “containment strip” into a relegation zone, which is justified by their specific needs in learning French. In the context of the ongoing reconfiguration of European borders, this specific case study shows how the public school system creates its own boundaries. These children and teenagers, arriving in the context of “secondary movements” within Europe, show their families’ autonomy from the economic and reception crisis hitting Southern European countries. Their presence seems to challenge the French education system: while unveiling emergency education policies, their segmentation risks, in the long run, to extend its effects beyond the school space. The “mitigated allophony” of the Italian/North African students allows to consider the reconfiguration of the internal borders of political Europe. Such boundaries function accordingly to irregular practices of temporal suspension and spatial fragmentation, and thus have an impact on the subjects involved. In practice, these boundaries produce a constellation of different statuses as well as processes of multiple classification and segregation.

La categorización institucional de «estudiantes alófonos [no francófonos]» se ilustra aquí a través un estudio de caso específico: a saber, el de los estudiantes originarios del norte de África, procedentes de Italia, que se benefician del dispositivo UPE2A (unidad pedagógica para estudiantes alófonos recién llegados) en las escuelas de Estrasburgo. Estos estudiantes, habiendo recibido educación en Italia desde el parvulario, emigraron a Francia junto con sus familias. Por el hecho de hablar italiano, su alofonía es considerada «menos problemática» que otras en el sistema escolar, en la cual se investiga la dimensión atenuada de su alteridad lingüística, cultural y social. Los criterios de acceso de estos estudiantes a los dispositivos especializados y a las clases ordinarias muestran cómo quedan dibujan una banda de restricción dentro de una zona de confinamiento que se justifica por las necesidades específicas del aprendizaje del francés. Este estudio de caso muestra que la escuela pública acaba creando sus propias fronteras especularmente a la reubicación de las fronteras europeas. Estos niños y adolescentes, que llegan en el marco de los «movimientos secundarios», muestran una autonomía de su familia con respecto a la crisis económica que ha afectado los nuevos países de inmigración del sur de Europa. Los estudiantes alófonos también cuestionan las instituciones educativas francesas, y revelan como las políticas de emergencia en el marco educativo a largo plazo comportan el riesgo de extender los efectos de esta segmentación más allá del espacio escolar. Finalmente, la «alofonía mitigada» de los estudiantes italianos/norteafricanos permite considerar la redefinición de las fronteras internas de la Europa política. A medida que se extienden las prácticas irregulares de suspensión temporal y fragmentación espacial, estos límites marcan a estos sujetos a través de la producción de una constelación de diferentes status, así como de múltiples procesos de clasificación y segregación.

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