La mer et le sacré en Islam médiéval

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Le rapport entre espace et sacralité est une voie pour explorer l’islamisation des régions gouvernées par les musulmans. Dès le premier siècle de l’hégire, en effet, l’expansion de l’Islam s’est appuyée sur une fabrique de la mémoire islamique, en particulier en des lieux où les Arabes n’avaient jamais été présents. La mer et ses rivages y jouent un rôle attractif et, très tôt, la mémoire islamique, s’est élaborée d’un océan à l’autre, en passant par la Méditerranée et le Golfe arabo-persique, ou la mer Rouge. On y note l’effort d’appropriation de lieux particuliers en faveur de la promotion de l’islam, conférant aux sites choisis une sacralité entretenue par toute une série de moyens conciliant piété et institutionnalisation. C’est pourquoi les recueils juridiques constituent des sources essentielles de la reconnaissance de la sacralité en Islam. Les chroniques historiques érigeant en « lieux de mémoire » certains rivages, sont  un corpus essentiel aussi.  Enfin, de nombreux récits de vies hagiographiques lient la piété à la mer et l’on voit dans les études développées ici que l’horizon marin fut, pour les musulmans, une source infinie d’inspiration mystique . Les pouvoirs musulmans investirent largement la mer et les rivages : dès l’époque omeyyade (661-750) et plus encore à l’époque abbasside (750-1258), la mise en défense des côtes s’accompagne d’une sacralisation, en relation avec la promotion du jihad. Dans cet élan, les érudits en armes investirent les places côtières. La définition de la Méditerranée comme mer de guerre, sur ou au bord de laquelle le volontariat des mujâhidûn et des murâbiṭûn et la quête du martyre assuraient le gain du paradis, constitue l’un des efforts de sacralisation de l’espace maritime les plus considérables, symbolisé entre autres par le ribâṭ.     

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