30 juin 2019
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Aurélie Huz, « Les novellisations de Bordage : expérimentations transmédiatiques du multimédia dans la science-fiction française », ReS Futurae, ID : 10.4000/resf.2471
Cet article propose d’étudier les deux novellisations de Bordage, tirées d’un jeu vidéo d’aventure (Atlantis. Les fils du rayon d’or, 1998) et d’un film d’animation de synthèse 3D (Kaena, la prophétie, 2003), dans un moment des cultures de genre où ce type d’adaptation livresque, en langue française, reste globalement inédit. L’importation de la novellisation américaine traduite, organisée en réalité culturelle et éditoriale spécifique à partir du milieu des années 1990, constitue l’arrière-plan de ces expériences transmédiatiques qui capitalisent sur le succès littéraire alors déjà acquis par Bordage (Les Guerriers du silence, 1993-1995) pour tenter des convergences cross- et transmédia plurielles entre la « révolution multimédia » des « nouvelles images » (numérique, CD-ROM, jeu vidéo, 3D) et les potentialités du livre (novellisation, édition en ligne, feuilleton numérique, écriture de scénario…). Bordage emploie une rhétorique de légitimation ambiguë par rapport à ses novellisations. Il met en avant l’originalité et la modernité de cette pratique multisupport tout en écartant le handicap symbolique dont pâtit alors la novellisation qui fait l’objet d’attaques très vives du milieu littéraire spécialisé du genre, accusée d’incarner la science-fiction la plus commerciale et la plus industrielle : la sci-fi. L’écriture de novellisation devient alors pour Bordage le moyen de défendre par l’intermédialité la qualité d’une signature littéraire, narrative et xéno-encyclopédique, identifiée à un « art du conte » et à un imaginaire d’auteur reconnaissable.