Robots poètes chez Stanisław Lem : réflexions sur la nécessaire étrangeté de la langue littéraire en contexte soviétique

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17 décembre 2020

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Sylvia Chassaing, « Robots poètes chez Stanisław Lem : réflexions sur la nécessaire étrangeté de la langue littéraire en contexte soviétique », ReS Futurae, ID : 10.4000/resf.8686


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À partir de l’étude de la nouvelle « Croisade n° 1 bis, ou l’électrouvère de Trurl » qui met en scène un robot-poète, l’article se propose de comprendre les enjeux politiques et littéraires des choix stylistiques accomplis par Stanisław Lem dans La Cybériade. Tout d’abord, la référence aux grands voyages imaginaires de Rabelais et de Swift ancre le texte de Lem dans une tradition humaniste de critique des savoirs, alors même qu’une certaine compréhension de la science, via le marxisme-léninisme, est au fondement de l’impérialisme et du totalitarisme du régime soviétique, dont Lem a vu l’établissement en Pologne et en Ukraine. En même temps, le mélange incongru d’archaïsmes et de néologismes permet le désancrage temporel du texte et rend moins évidente la virulente actualité de son propos critique, ce qui est vital pour contourner la censure d’Etat. Lem s’appuie ainsi sur ce qui est appelé par les historiens de la littérature polonaise la « langue ésopique » : les critiques du régime s’expriment en littérature par des voies détournées, par des décentrements géographiques ou par le biais de la fable. Celles-ci suscitent alors chez le lecteur qui en comprend les allusions le sentiment d’une complicité subversive, par devers le régime et la censure, avec l’auteur et la communauté des lecteurs.Enfin, l’étrangeté linguistique est alors la trace des contraintes imposées au texte littéraire dans la Pologne communiste de l’après-guerre, autant que des stratégies trouvées pour les contourner.

By studying the short story « The first sally (A), or Trurl’s electronic bard » and its main character, a poet robot, this article aims at showing what is at stake, both from a literary and a political point of view, in the stylistic choices made by Stanisław Lem in the Cyberiad. Firstly, the archaisms can be construed as references to Swift and Rabelais, which places Lem within a humanist tradition that takes issue in authority. This humanist criticism is here aimed against a narrow understanding of science and logic which was characteristic of the late Soviet period. Simultaneously, the use of both archaisms and neologisms makes this criticism less direct by hiding its topicality, which allows Lem to get around state censorship. The short story is then one example of « Esopic language », whose aim was to deliver hidden messages to the reader via a change in setting or the use of a fable. Finally, stylistic strangeness is therefore also the trace of the constraints under which texts were written in post-war communist Poland, as much as of the strategies that Lem found to circumvent them.

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