30 décembre 2016
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Alice Bottarelli et al., « Une île impossible : l’utopie néo-humaine comme diagnostic du lien social contemporain chez Michel Houellebecq », ReS Futurae, ID : 10.4000/resf.888
Dans La Possibilité d’une île, Houellebecq travaille des codes d’écriture propres à la science-fiction, non pas afin de projeter le lecteur dans un imaginaire purement fictionnel et désancré, mais afin de réfléchir en retour et prolonger plus avant certaines questions que pose la réalité sociale de ses contemporains. L’intertextualité science-fictionnelle qu’il mobilise lui permet dès lors de faire écho aux réflexions de nombreux auteurs qui l’ont précédé dans cette veine, et ont avant lui utilisé les possibilités de l’utopie, notamment, pour penser la « chose publique » et le lien social. De fait, le genre de l’utopie a très tôt servi d’outil d’interrogation de la qualité de vie communautaire des individus, et le roman utopique d’espace où diagnostiquer les « pathologies du social » (expression que nous empruntons à Axel Honneth). Cela dit, Houellebecq joue également des codes de la SF en les mettant en évidence comme des effets de genre, ce qui rend ambiguë une lecture au premier degré. Il est donc intéressant d’examiner précisément comment il investit ces modalités d’écriture, et dans quelle optique. Sans proposer de résolution ou d’issue comme pourrait le faire un romancier à thèse ou un auteur engagé, il souligne plusieurs problèmes du lien – au temps, à soi, et à l’autre. Évoluant (ou plutôt stagnant) dans un perpétuel présent, centrés sur un soi qui a perdu toute solidité possible, détachés de tout rapport non médiatisé à autrui, les clones sont les victimes en puissance d’une forme de virtualisation du lien stigmatisé par Houellebecq comme propre à notre présent.