Pour un pluralisme épistémologique en sociologie de l’action organisée

Résumé Fr En

Cet article propose de revenir sur les avantages et les limites de l’héritage intellectuel que nous a laissé l’un des plus importants fondateurs de la sociologie des organisations : Michel Crozier. Il soutient ainsi que, si l’analyse stratégique est utile à l’étude des organisations contemporaines, celle-ci mérite d’être renouvelée. À l’instar d’autres travaux, cette contribution souligne les limites de l’acception trop restrictive que Michel Crozier et Erhard Friedberg (1977) ont de l’acteur et du pouvoir. Elle présente ensuite une approche sociocognitive de l’action organisée qui restitue la pluralité de l’acteur et du pouvoir. L’avantage de cette approche est alors qu’elle permet de mieux appréhender la diversité des modes de régulation qui sont à l’œuvre dans le système de coopération que forme l’organisation. Ce faisant, elle autorise une meilleure compréhension des formes et des légitimités des pouvoirs qui la régulent.

This article aims to reconsider the advantages and limitations of the intellectual heritage left to us by one of the most important founders of the sociology of organizations: Michel Crozier. It argues that, while strategic analysis remains useful for the study of contemporary organizations, it should be renewed. Following the conclusions of other works, this contribution underlines the limits of the overly restrictive meaning that Michel Crozier and Erhard Friedberg (1977) ascribed to the concepts of the actor and of power. It then presents a sociocognitive approach to organized action that captures the plurality of the actor and of power. Such an approach allows a better understanding of the diversity of the modes of regulation at work in the system of cooperation that the organization is made of. In doing so, it clarifies the forms and legitimacies of the powers that regulate it.