5 juillet 2021
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Hennette Vauchez Stéphanie, « Ségrégation, déségrégation, espace public et espace privé : questions de recherche autour des Réflexions sur Little Rock de Hannah Arendt », La Revue des droits de l’homme, ID : 10.4000/revdh.12575
En 1959, Hannah Arendt publie un texte polémique, dans lequel elle exprime à la fois son soutien à la jurisprudence déségrégationniste de la Cour suprême américaine, et son opposition à sa mise en œuvre forcée -notamment parce que, selon elle, celle-ci a abouti à faire peser sur les enfants Noirs (ceux-là même auxquels la jurisprudence Brown v. Board of Education était censée bénéficier) le poids de toute la violence et l’opposition à cette politique. A cette occasion, elle propose une théorie des sphères dans lesquelles le principe d’égalité est légitime, ou non, à s’appliquer ; et livre ce faisant une analyse affirmant clairement que dans la sphère sociale (qu’elle distingue tant de la sphère politique que de la sphère privée), c’est au contraire un principe de discrimination qui gouverne : il appartient à tout un chacun de choisir les personnes et groupes de personnes avec lesquelles, par affinité, il interagit, socialise, échange. Le présent article prend appui sur les analyses arendtiennes pour interroger certains développements ultérieurs du droit de la non-discrimination (qui a notamment largement pénétré la sphère qu’Arendt qualifie de sociale et s’applique à nombre de relations privées). En particulier, il s’agit de formuler l’hypothèse de l’intérêt qu’il y aurait à réfléchir aux conditions de légitimité du droit de la non-discrimination depuis une double perspective spatiale et conséquentialiste.