14 janvier 2019
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Marie Bastian, « La fragmentation d’un droit préexistant ou la fondamentalité par analogie : le cas du droit d’accès à Internet », La Revue des droits de l’homme, ID : 10.4000/revdh.5094
Le droit d’accès à Internet intègre aujourd’hui, indirectement, la grande famille des droits fondamentaux, par un processus d’annexion au droit à la liberté d’expression et de communication. Si l’essentialité du droit d’accès à Internet, et, par conséquent, son universalité, paraissent incontestables et reconnues par tou.te.s, c’est bien l’aspect multidimensionnel d’Internet, et en particulier de son accès, qui rend complexe son rattachement à un droit fondamental préexistant, l’enfermant dans un carcan juridique préétabli ne permettant pas de concevoir pleinement les nouveaux enjeux y afférent. Ainsi, l’analogie n’est sans doute pas toujours suffisante et adéquate s’agissant de la dimension virtuelle. Le droit d’accès à Internet doit pouvoir s’appréhender comme un exemple s’inscrivant dans une dynamique normative plus large, au-delà de sa stricte dimension infrastructurelle, à savoir un droit du cyberespace. Le processus d’annexion favorise une dissémination et un galvaudage du droit fondamental tuteur, dont l’effectivité dépendra essentiellement d’un rééquilibrage de la gouvernance d’Internet, en réformant les institutions existantes, afin de combler le retard numérique qu’accuse aujourd’hui le monde et freiner l’aggravation des exclusions sociales. En ce sens, une approche globale et inclusive du droit d’accès à Internet pourrait éviter de fragmenter le droit fondamental auquel il est annexé, à condition toutefois de le considérer tel qu’il est, à savoir un phénomène transnational, indépendant des règlementations étatiques ou interétatiques.