9 juillet 2019
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Laurent Thévenot, « Ce qui engage : la sociologie des justifications, conventions et engagements, à la rencontre de la norme », La Revue des droits de l’homme, ID : 10.4000/revdh.6452
Le mouvement sociologique dont cet article rend compte a favorisé un genre de coopération avec le droit qui rapproche les opérations et catégories fondamentales des deux disciplines. Il remonte à un déplacement conceptuel depuis la notion classique de norme sociale, conduisant à l'analyse de "conventions" qui gouvernent normativement la coordination incertaine des actions. Des "investissements de forme" sont nécessaires à la mise en œuvre de ces conventions. Mis dans un format approprié, l’environnement soutient la convention normative de coordination pour laquelle il est "qualifié". Une extension ultérieure a réélaboré la notion d'identité personnelle requise pour une coordination avec d'autres selon une normativité collective. Une identité personnelle dynamique est le résultat composite d'une pluralité d'engagements personnels qui se chevauchent, engagements qui ne coordonnent avec d'autres mais avec soi-même. Chacun de ces régimes d'engagement assure un mode de continuité de la personne, d'un moment à l'autre, gagée par une relation avec l'environnement matériel. La normativité qui maintient la coordination avec d'autres repose sur des engagements personnels, ce qui suggère d'élargir la notion de normativité et ses modes. Pénétrant dans le plus personnel de ce qui engage, le cadre d'analyse de la sociologie des conventions et engagements éclaire les transformations de ce qui préoccupe personnellement, jusqu'à la mise en commun et en différend de ces préoccupations, selon différentes grammaires.