La transmission filiale au prisme des secrets et des non-dits

Résumé Fr En

Cet article présente des conclusions issues d’une recherche portant sur le thème « Mémoire filiale et héritage psychique » menée auprès d’un groupe de jeunes âgés entre 18 et 25 ans. L’étude s’appuie sur une démarche qualitative inspirée de la sociologie clinique et de l’approche « roman familial et trajectoire sociale ». L’interprétation des différents récits recueillis vient éclairer certains mécanismes engagés dans la reproduction des modèles parentaux et dans la transmission filiale, de façon à mettre en évidence le rôle qu’occupent la mémoire et le rapport d’identification dans la répétition de la souffrance. La recherche a également permis de saisir certaines stratégies développées par les jeunes afin de conjuguer avec leur histoire familiale et leur héritage identitaire. Le secret, à travers le jeu de voilement/dévoilement qu’il déploie, s’est présenté comme une de ces stratégies, de même que comme une forme sociale permettant de concilier certaines ambivalences et contradictions intrinsèques à la psyché individuelle.

This paper presents the conclusions of research pursued with a group of young people aged between 18 and 25, on the theme of “family memory and psychic inheritance”. The methodological framework of this qualitative study is inspired by clinical sociology and its “family novel and social trajectory” approach. The analysis sheds light on some of the mechanisms engaged in the reproduction of parental models and family transmission, and suggests that memory and identification processes play a role in the repetition of suffering. The results also show some strategies developed by the young participants to deal with their family history and their identity inheritance. Through the movement of veiling/unveiling that is deployed, secrecy appears as one of these strategies, as well as being a social form that allows the reconciliation of ambivalences and contradictions intrinsic to the individual psyche.