5 février 2019
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Catherine Repussard, « Mythe et colonies dans l’Allemagne de Weimar », Recherches germaniques, ID : 10.4000/rg.459
La déconstruction de la pensée coloniale n’est pas l’apanage des voix postcoloniales contemporaines qui concentrent leurs approches sur la question de la perception de l’altérité à partir d’un contre-regard issu des ‘périphéries’ et dirigées vers ‘un centre’. Dans son dernier film Tabu, eine Geschichte aus der Südsee (1931), Friedrich Wilhelm Murnau dénonce la destruction des cultures extra-européennes, en l’occurrence de la culture polynésienne, sous l’influence d’un interventionnisme politique, économique et culturel européen. Mais il insiste également sur la propension des « culturenatures » (Donna Haraway) à générer leur propre destruction. Toute tentative d’émancipation, illustrée par l’amour interdit qu’un jeune pêcheur de perles Matahi porte à une splendide jeune fille, Réri, brise en effet l’immuable tabou dicté par le prêtre Hitu, représentant de la Tradition (et assassin de Matahi) et ne peut que mener à la mort. Ainsi, le film de Murnau, se situant entre documentaire et fiction expressionniste, met-il parfaitement en scène le rejet de la modernité occidentale tout en interrogeant l’idée de retour aux origines. Ce questionnement confère à Tabu une force particulière, notamment dans le contexte politique de l’Allemagne des années 1930.