4 mars 2021
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Fournier Kiss Corinne, « Jardins, parcs et paysages dans l’œuvre de Hermann Hesse – ou Par-delà nature et culture », Recherches germaniques, ID : 10.4000/rg.4882
La distinction entre jardins et paysages semble relever de l’évidence selon nos critères occidentaux : les premiers relèveraient de la culture (les jardins réclament l’intervention systématique et visible de l’Homme), les seconds de la nature (les paysages donnent l’impression de se développer librement et indépendamment de l’action humaine). Hermann Hesse, à de nombreux moments de son œuvre, s’appuie lui aussi sur cette dialectique, qu’il développe en privilégiant les oppositions entre le clos et l’ouvert, entre l’exotique et le familier. Néanmoins, ce qui semble devoir constituer une différence irréductible finit chez lui toujours par être remis en question, généralement déjà au sein de la même œuvre : les jardins font éclater leur clôture, renoncent à leur ordre et à leur aménagement, s’immiscent dans les paysages, tandis que les paysages sont présentés comme des prolongements des jardins et s’avèrent contenir une bio-diversité parfaitement insoupçonnée au départ, qui n’a rien à envier à celle des jardins. Jardins et paysages sont « en mouvement », et ils deviennent non seulement de véritables palimpsestes surchargés d’écritures de lieux multiples, mais fonctionnent également, pour l’observateur, comme un moyen privilégié d’entrer en confrontation avec son inconscient et d’accéder à une meilleure connaissance de soi.