5 février 2019
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Françoise Willmann, « Le supplice des grenouilles, point aveugle du progrès scientifique », Recherches germaniques, ID : 10.4000/rg.890
Emil du Bois-Reymond (1818-1896), l’un des physiologistes allemands les plus en vue de son siècle, a publié, entre autres, trois volumes consacrés à ses travaux sur l’électricité animale sous le titre Untersuchungen über thierische Elekricität, fondés sur des expérimentations pratiquées pour l’essentiel sur des grenouilles. Le récit de ces recherches laisse affleurer parfois (rarement) remarques, associations, anecdotes, semblant toutes indiquer sinon un malaise, du moins la conscience d’un problème. En réalité, la préoccupation éthique d’Emil du Bois-Reymond concerne la science, et les valeurs qu’il lui associe, et non les animaux qu’il sacrifie par milliers à une fin – le progrès de la physiologie – justifiant (presque) tous les moyens. La violence infligée aux grenouilles prend les apparences d’un mal nécessaire ; son refoulement et sa banalisation esquivent la problématisation du caractère mortifère de la science moderne.