14 juin 2019
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Clément Fabre, « La sinologie : la langue chinoise créée par les sinologues ? », Revue d’histoire des sciences humaines, ID : 10.4000/rhsh.3109
Quelle place la sinologie française du xixe siècle réserve-t-elle aux Chinois dans l’étude de leur propre langue ? La spécificité du territoire sinologique parisien, au sein duquel s’affrontent plusieurs conceptions concurrentes de la sinologie, adossées chacune à une définition spécifique de la langue chinoise, interdit de répondre de façon trop tranchée. Pas de rejet d’ensemble des compétences chinoises, pas plus qu’une unanime reconnaissance de leur valeur, mais plusieurs créations antagonistes de langue chinoise ménageant aux Chinois, au gré des situations et des stratégies, des rôles variés. Là où les sinologues de cabinet définissent un chinois ancien dont l’intelligence aurait été perdue en Chine et ne serait accessible qu’à Paris, les sinologues de terrain, avides de saper l’autorité des premiers, reconnaissent aux Célestes la maîtrise d’une langue inchangée depuis la nuit des temps, tandis que les journaux profanes peinent à concevoir qu’il puisse exister meilleur spécialiste de la langue chinoise qu’un Chinois.