15 novembre 2018
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Paola Perazzolo, « Un « animal sans pareil » sous la Révolution : la Sapho ambiguë de Constance de Salm », Revue italienne d’études françaises, ID : 10.4000/rief.1773
Pendant la Révolution, les institutions réaffirment les valeurs familiales et ce qu’on perçoit comme une répartition traditionnelle des genres, des rôles et des espaces (publics, privés, politiques) qui leur sont consubstantiels. Que ce soit dans un domaine officiel ou non officiel, des attitudes féminines faisant preuve d’ambiguïté sexuelle ou « amphibies » sont stigmatisées. La figure aussi emblématique que troublante de Sapho est ainsi reprise pour être représentée comme l’image de la dégénération dans la production clandestine ou dans les poèmes d’Écouchard Lebrun – l’un des protagonistes de la « querelle des femmes » – ou pour en nier la sexualité homoérotique d’après la version ovidienne largement reprise pendant tout le siècle présentant une Sapho victime d’une passion hétérosexuelle. Tout en reprenant la version latine, la tragédie lyrique Sapho (1794) de Constance de Salm s’en détache pour mettre en scène un personnage plus ambigu et offrir une revalorisation littéraire de la femme écrivain et une relecture du mythe.