30 juin 2021
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Daphné Bédinadé, « La fabrique de la beauté ethnique », Recherches sociologiques et anthropologiques, ID : 10.4000/rsa.4318
L’industrie cosmétique brésilienne s’est construite autour de normes de beauté qui faisaient la promotion de représentations eurocentrées de la féminité. Si celle-ci s’est attachée depuis la fin des années 1970 à élargir son offre de produits cosmétiques aux femmes noires, cette dernière est longtemps restée limitée. L’émergence d’un “mouvement naturel” impulsé par des femmes noires, consommatrices et blogueuses, par le biais des réseaux sociaux, visant la valorisation du cheveu afro, bouclé et crépu, a conduit l’industrie à reconsidérer son approche du segment dit “ethnique” de la beauté ainsi que les normes qu’elle promeut. Peut-on parler d’une révision effective des représentations et des styles de féminité par l’industrie ? Que signifie la visibilité accrue des femmes, et plus largement, des populations noires ? S’intéresser à la manière dont l’industrie cosmétique généraliste fabrique la beauté ethnique implique de prendre en considération les productions matérielles et discursives de celle-ci et la façon dont elles s’insèrent dans des structures de domination qui croisent des questions de race, de genre et de classe.