12 novembre 2018
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Jérôme Soldani, « Les jeux sportifs des Austronésiens formosans », Sciences du jeu, ID : 10.4000/sdj.1237
Les pratiques sportives sont introduites à Taïwan au début du XXe siècle par les colonisateurs japonais qui administrent le pays entre 1895 et 1945. D’abord pour leur seule distraction, les occupants partagent ensuite les sports avec les populations locales à partir de la fin des années 1910, notamment dans le but d’en faire un canal d’intégration dans le nouveau système étatique, et plus particulièrement auprès des populations austronésiennes de l'île vivant dans des zones montagneuses reculées qui leur ont longtemps résisté. Une politique comparable est appliquée par le Parti nationaliste chinois qui prend le contrôle de Taïwan au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, puis s’y replie durablement à partir de 1949. Jusqu’à nos jours, les performances des athlètes austronésiens ont grandement contribué à la promotion des sports à travers tout le pays et à la construction d’une identité nationale chinoise, puis taïwanaise, essentiellement à l’occasion des tournois internationaux. Les Austronésiens ne se sont cependant pas contentés de se fondre dans le moule imposé par les autorités. Sans pour autant rompre complètement avec les institutions, ils se sont réappropriés les pratiques sportives. Ils en ont aussi créé de nouvelles à partir de pratiques quotidiennes, considérées comme spécifiques de la vie en montagne (chasse, sciage du bois, transport de l’eau, etc.), pour en faire des rassemblements festifs qui leurs sont propres. Les appartenances (à un village, un groupe linguistique ou une communauté religieuse) y sont vigoureusement réaffirmées dans un contexte récent de fort exode vers les grandes villes de la plaine et de perte des repères culturels.