La moralisation des robots sociaux par leurs utilisateurs

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3 juin 2020

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Céline Borelle, « La moralisation des robots sociaux par leurs utilisateurs », Sociologie du travail, ID : 10.4000/sdt.30202


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La possibilité, dans un avenir proche, de nouer une relation personnelle et durable avec des robots sociaux est régulièrement annoncée. Cependant, l’écart entre cet horizon et la réalité reste grand. Les questions éthiques exprimées dans l’espace public sont-elles trop en décalage avec le stade actuel de développement de la robotique sociale ? Qu’en pensent les personnes qui tentent d’utiliser cette technologie ? En s’appuyant sur une enquête comparative d’un an menée sur deux robots sociaux utilisés dans des lieux accueillant des enfants avec un trouble du spectre autistique, cet article est consacré aux enjeux moraux tels qu’ils sont problématisés dans des expériences situées. On s’attache à étudier la manière ambivalente dont les professionnels en centres de soin définissent la place de ce nouvel artefact interactionnel. On montre d’abord comment les robots sociaux sont des êtres dont il faut produire la sociabilité, en abandonnant le projet de « vie autonome » au profit d’interactions programmées. On souligne ensuite comment les professionnels hésitent à établir le robot comme un support thérapeutique comme les autres, en s’interrogeant sur la nécessité de le manier différemment. Enfin, on analyse comment les usages de ce support sont entourés de précautions particulières : le cadrage de la relation que les enfants entretiennent avec le robot et la limitation de la capacité de jugement de ce dernier. Cette analyse révèle comment les acteurs s’engagent dans un travail réflexif de moralisation des robots sociaux.

The possibility, in the near future, of establishing a personal and lasting relationship with social robots is regularly proclaimed. However, the gap between this horizon and the reality remains large. Are the ethical questions expressed in the public space too out of sync with the current stage of development of social robotics? What do people who try to use this technology think? This article proposes to focus on moral issues as they are problematised in situated experiences. It is based on a one-year comparative survey of two social robots used in care centres for children with autism spectrum disorder. We attempt to study the ambivalent way in which professionals in care centres define the place of this new interactional artefact. We first show how social robots prove to be beings whose sociality must be produced, by abandoning the project of “independent living” in favour of programmed interactions. We then highlight how professionals are reluctant to establish robots as a therapeutic support just like any other, and question the need to handle them differently. Finally, we analyse how professionals take special precautions with regard to this support by framing the relationship that children have with robots and by limiting the latter’s capacity to judge. This analysis reveals how the actors engage in the reflexive work of moralising social robots.

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