17 avril 2015
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Camilla Caporicci, « Lady Rosaline’s Darkness: Linguistic Games and Deep Meanings », Actes des congrès de la Société française Shakespeare, ID : 10.4000/shakespeare.2911
Cet article analyse la complexité esthétique aussi bien que philosophique du discours de Shakespeare dans Peines d’amour perdues, comédie qui véhicule un sens profondément « révolutionnaire » au moyen d’une langue particulièrement sophistiquée et parfois paradoxale. Le double passage qui caractérise la pièce s’incarne dans la brune Rosaline. D’un côté, Shakespeare fait d’elle le rocher sur lequel vient s’échouer la poésie pétrarquiste traditionnelle. La rhétorique de Pétrarque se révèle trompeuse tandis que l’idéal néo-platonicien qui fonde la tradition du sonnet, à la gamme chromatique lumineuse et blanche, se heurte à la matérialité sombre du corps féminin. De l’autre, le jeu linguistique extraordinairement complexe par lequel Shakespeare mêle lumière et obscurité relaie la découverte ontologique et épistémologique de la pièce. L’ascétisme des hommes de Navarre laisse la place à la reconnaissance de l’importance de la matière dans une forme de savoir qui ne peut s’acquérir que par l’expérience directe de l’obscurité du monde matériel.