25 juin 2020
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Gabriel Uribelarrea, « Entre quiétude et inquiétude », Socio-anthropologie, ID : 10.4000/socio-anthropologie.6891
Si les sons sont partie prenante de l’expérience sensible des sans-abri vivant en hébergement collectif, leur influence sur la vie ordinaire dans ces lieux a rarement été problématisée dans les travaux s’inscrivant dans le domaine de recherche du « sans-abrisme ». À partir d’une enquête conduite dans une institution d’hébergement médicalisé pour personnes sans abri (les Lits halte soins santé), cet article interroge la cohabitation à l’aune de sa dimension sonore, en se concentrant plus spécifiquement sur les « situations de bruit ». Une première partie décrit comment ces troubles sonores peuvent être jugés comme tolérables ou intolérables, selon différents critères. Une deuxième partie s’arrête sur les bruits intolérables qui font l’objet de critiques et de mises en cause, directes ou indirectes, du « fauteur de trouble ». Une dernière partie soulève l’ambivalence des bruits dans la cohabitation : d’un côté, certaines situations de bruit apparaissent comme intolérables, aux oreilles d’habitants, au nom de la quiétude attendue d’un lieu de vie et de soin ; de l’autre, les situations de bruit sont utiles et nécessaires pour signaler des problèmes individuels ou collectif et exprimer des besoins d’aide et de soin. La cohabitation exige donc un ajustement continu aux sons, entre considération des situations de bruit et respect de la quiétude.