3 mars 2011
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Jean-Pierre Baud, « La nature juridique du sang », Terrain, ID : 10.4000/terrain.14200
Contre la « vengeance du sang », une justice pénale tenant compte de l’intention s’installa un jour dans les sociétés humaines. Dans l’une de celles-ci, Rome, puis chez ses descendantes, l’être humain a été remplacé par un être immatériel, la personne. Le corps et le sang disparurent ainsi de la perspective des juristes. Mais lorsque le christianisme s’intégra au monde romain, il fit émerger un nouveau système normatif où le corps et le sang furent institués telles des valeurs essentielles. Le sang fut chargé d’une valeur mystique suprême par référence à la Passion du Christ. Le martyr, puis le croisé et enfin tout combattant pour une « juste cause » furent intégrés dans la mystique du sacrifice. Les donneurs de sang y prirent place naturellement, alors que le sang de la transfusion conservait une sacralité à laquelle les juristes furent si sensibles qu’ils préférèrent ne pas voir le sang et ne pas le nommer juridiquement, cécité et aphasie qui conduisirent nécessairement au drame.