13 janvier 2015
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Jon Elster, « L’influence négative des émotions sur la cognition », Terrains/Théories, ID : 10.4000/teth.255
Dans cet entretien accordé le 5 décembre 2012 au Collège de France à Julien Bernard, Jon Elster précise sa vision des rapports entre émotions, rationalité et normes sociales dans les motivations de l’action. Selon lui, les émotions se comprennent en fonction des désirs et des croyances qui la font naître. Elles comportent souvent une tendance à l’action immédiate, au risque de l’irrationalité, tout en constituant une force, un « moteur » des normes sociales. En retour, les normes sociales, tout comme le degré et la forme des conceptualisations des émotions selon les époques et les cultures, peuvent s’insérer dans le choix émotionnel par le biais des croyances sur l’attitude à tenir selon les situations et par celui de l’identification de ce qui est vécu. Les normes ne constituent pas forcément un frein à l’action émotionnelle. Au contraire, certaines d’entre elles encouragent précisément des réactions émotionnelles. Ce faisant, Elster montre que l’impact des émotions sur la cognition, en court-circuitant la recherche optimale d’information, est le plus souvent négatif. C’est une raison pour laquelle, selon lui, l’étude des mécanismes émotionnels, tels que le déclin de l’émotion avec le temps ou les transmutations d’émotions, est nécessaire à l’analyse des actions sociales.