Articuler Éros à Thanatos ?

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18 décembre 2018

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Agathe Mezzadri-Guedj, « Articuler Éros à Thanatos ? », ThéoRèmes, ID : 10.4000/theoremes.1677


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Dans la correspondance de Fénelon à Madame Guyon. Éros, force motrice qui vise la jouissance de la création, dialogue intimement avec l’ascétisme de la pulsion de mort – Thanatos. Cette polarité est en effet requise par le quiétisme. Il s’agit de parvenir à l’extrémité de Thanatos (« la faiblesse de l’homme » - son anéantissement), pour ensuite, entrevoir Éros  (« l’espérance la plus folle » - l’union en Dieu). Le corpus de lettres structuré thématiquement autour de cette gageure de l’ « union » dans la « mort », nous fournit donc l’occasion d’explorer la genèse des enjeux les plus radicaux de l’écriture fénelonienne dans son rapport contradictoire aux pulsions et leur manifestation stylistique principale : la répétition. C’est dans ce corpus que Fénelon évoque sa fameuse « sécheresse », celle qui fait de lui « un bateau qui n’a ni rames ni voiles », et qui a été depuis rapprochée de la pulsion de mort. Par l’intimité, voire le « secret » qu’elles révèlent, ainsi que leur datation entre 1689 et 1690, ces missives constituent un moyen de sonder les origines du lien entre mystique, psychanalyse et stylistique dans l’œuvre de Fénelon. Elles nous apprennent que dans cette relation épistolaire vécue et narrée comme exceptionnelle, la pulsion de vie trouve un point d’ancrage et, partant, la valeur littéraire des répétitions s’en trouve amoindri. Si les redondances expriment toujours la puissance du dogme du pur amour ou pulsion de mort - que les correspondants ne cessent de gloser, la pulsion de vie ne s’exprime que peu, tarie par les aveux d’amour en je-pense-à-toi et je-t-aime. Dans ces aveux, Fénelon scelle définitivement le mariage d’Eros et de Thanatos à travers l’expression « mourir d’envie ». Une fois ce mariage prononcé, l’écriture n’a plus lieu d’être et s’interrompt.

Fénelon’s letters to Madame Guyon show Eros, the life drive that aims a joyful creation, intimately dialoguing with the deadly asceticism: Thanatos. This polarity is indeed required by quietism. The idea is, by reaching the end of Thanatos ("the weakness of man" - his annihilation), to glimpse Eros ("the craziest hope" of uniting with God). The letters are structured thematically around this wager of the "union" in the "death" and provide us with the opportunity to explore the genesis of Fénelon’s writing’s most radical stakes: a contradictory relationship to life and death drives and its effect on repetition. Throughout these letters, Fénelon evokes his famous "dryness", turning him into "a boat that has neither oars nor sails", and which has since been studied as a death drive. Written between 1689 and 1690, the letters give an insight on the origins of the link between mysticism, psychoanalysis and stylistics in Fénelon’s work. They teach us that in this epistolary relationship lived and narrated as exceptional by both Guyon and Fénelon, the life drive finds an anchor point and, as a result, the literary value of repetitions is diminished. If redundancies always express as much as elsewhere the dogma of pure love or death instinct - which the correspondents never cease to gloss, the impulse of life is slightly expressed, dried up by the love confessions. Fenelon definitively seals the Eros and Thanatos’s marriage through the expression "to die of envy". Once this marriage pronounced, the writing has no more reason to start. It stops.

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