20 novembre 2020
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Marwa El Chab, « Enquêter en tant que Libanaise et être ethnicisée comme « autre » dans des milieux migratoires libanais en Afrique de l’Ouest », Cahiers de l’Urmis, ID : 10.4000/urmis.1868
Il n’est pas rare que des chercheurs en sciences sociales éprouvent des difficultés à se faire accepter parmi leurs enquêtés, même lorsqu’ils maitrisent les principaux repères culturels des milieux sociaux qu’ils étudient. Cet article relate l’expérience d’une chercheuse et anthropologue libanaise enquêtant auprès de populations libanaises en Afrique de l’Ouest, avec lesquelles elle entretient des relations familiales. Pensant initialement pouvoir revendiquer un statut de « native » parmi eux, elle découvre à son arrivée à Ouagadougou, à Abidjan et à Dakar, que son assimilation aux groupes libanais locaux ne va pas de soi. Sur la base d’éléments physiques, comportementaux et sociaux, ses interlocuteurs l’ethnicisent comme « autre » – marocaine, égyptienne ou française, en particulier – et lui apposent un label « d’outsider ». Les circonstances et contextes de ce terrain d’étude soulèvent des questions d’ordre méthodologique. La proximité culturelle qui légitimait intellectuellement l’approche de la chercheuse se heurte sur le terrain à des mécanismes de distanciation entretenus par les enquêtés. Ceux-ci prennent la forme de négociations et de redéfinitions des identités ethniques et culturelles, affectant à terme aussi bien la chercheuse que son sujet de recherche.