Être une anthropologue noire au Brésil et enquêter dans les villages quilombola de l’Amazonie : entre connivence raciale et différenciation sociale

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20 novembre 2020

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Marcilène Silva Da Costa, « Être une anthropologue noire au Brésil et enquêter dans les villages quilombola de l’Amazonie : entre connivence raciale et différenciation sociale », Cahiers de l’Urmis, ID : 10.4000/urmis.2056


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En tant qu’anthropologue brésilienne, j’ai réalisé des enquêtes de terrain auprès d’une population noire, rurale et stigmatisée au Brésil qui revendique une appartenance raciale liée à l’application de politiques multiculturelles et de discrimination positive, sous la forme d’attribution de titres fonciers. Pendant ces recherches de terrain, je pensais que le fait de me désigner comme noire me rapprocherait de mes interlocuteurs qui s’auto-déclarent de la même façon. Or, mon expérience ethnographique m’a montré que notre « noirceur » n’était pas la même. L’objectif de cet article est de décrire et d’analyser les ambiguïtés et tensions provoquées par ma présence en tant que chercheuse noire citadine durant mes enquêtes au sein de communautés rurales de descendants de Noirs Marrons d’Amazonie. Le statut de « Noire de la ville » me plaçait parfois dans une position d’insider, parfois d’outsider, de même que le fait d’être étudiante à l’université et d’habiter en France. La façon dont j’étais perçue rendait parfois difficile mon intégration locale et d’autres fois la facilitait. Elle évoluait entre connivence raciale et distinction de classe, et interrogeait les possibles articulations de l’identité noire aux attributs de la blanchité sociale. Ces ambivalences étaient liées aux représentations plurielles de la catégorisation raciale noire au Brésil, fonction des statuts de classe, des distinctions entre milieux urbains et ruraux et de l’historicité de sa dépréciation puis de sa revalorisation dans cette société particulière.

As a Brazilian anthropologist, I conducted fieldwork among black, rural and stigmatized communities in Brazil, who claimed racial belonging related to the application of multicultural and positive discrimination policies through allocations of land titles. During fieldwork, I thought that designating myself as black would bring me closer to my interlocutors who self-declared in the same way. However, my ethnographic experience showed me that our "darkness" was not the same at all. The purpose of this article is to describe and to analyze the ambiguities and tensions due to my presence as a black urban researcher in rural communities of Black Maroons descendants in the Amazon. This status of "Black from the city" put me sometimes in the position of an insider, sometimes an outsider, as did being a student at university and living in France. The way I was perceived could make my local integration difficult while at other times it made it easier. This perception shifted between racial complicity and class distinction. It questioned the way black identity can also be associated with the social assets of whiteness. These ambivalences were linked to the plural representations of the racial categorization as black in Brazil, which depends on class status, on distinctions between urban and rural areas, and on the historicity of its depreciation then of its revaluation in this particular society.

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