20 novembre 2020
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1287-471X
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1773-021X
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Marcilène Silva Da Costa, « Être une anthropologue noire au Brésil et enquêter dans les villages quilombola de l’Amazonie : entre connivence raciale et différenciation sociale », Cahiers de l’Urmis, ID : 10.4000/urmis.2056
En tant qu’anthropologue brésilienne, j’ai réalisé des enquêtes de terrain auprès d’une population noire, rurale et stigmatisée au Brésil qui revendique une appartenance raciale liée à l’application de politiques multiculturelles et de discrimination positive, sous la forme d’attribution de titres fonciers. Pendant ces recherches de terrain, je pensais que le fait de me désigner comme noire me rapprocherait de mes interlocuteurs qui s’auto-déclarent de la même façon. Or, mon expérience ethnographique m’a montré que notre « noirceur » n’était pas la même. L’objectif de cet article est de décrire et d’analyser les ambiguïtés et tensions provoquées par ma présence en tant que chercheuse noire citadine durant mes enquêtes au sein de communautés rurales de descendants de Noirs Marrons d’Amazonie. Le statut de « Noire de la ville » me plaçait parfois dans une position d’insider, parfois d’outsider, de même que le fait d’être étudiante à l’université et d’habiter en France. La façon dont j’étais perçue rendait parfois difficile mon intégration locale et d’autres fois la facilitait. Elle évoluait entre connivence raciale et distinction de classe, et interrogeait les possibles articulations de l’identité noire aux attributs de la blanchité sociale. Ces ambivalences étaient liées aux représentations plurielles de la catégorisation raciale noire au Brésil, fonction des statuts de classe, des distinctions entre milieux urbains et ruraux et de l’historicité de sa dépréciation puis de sa revalorisation dans cette société particulière.