17 octobre 2015
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Yann Fournis et al., « Les régimes de ressources au Canada : les trois crises de l'extractivisme », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10.4000/vertigo.16489
Au Canada, l’économie politique des ressources naturelles est profondément marquée par la crise environnementale : plus qu’ailleurs, la surexploitation de la nature est inscrite dans la logique même du capitalisme canadien. À la suite des travaux sur la production d’une socio-nature, nous examinerons comment le modèle de développement extractiviste se saisit de la nature pour en faire un stock de « ressources naturelles ». L’étude des grands régimes de ressources permet ainsi de distinguer analytiquement différentes dynamiques de cette production de la nature, sous la forme de trois temporalités politiques. À l’échelle macro-structurelle, les régimes de ressources sont l’héritage institutionnel d’une économie politique centrée historiquement sur les ressources, qui assure la prééminence de régulations économiques orientées vers l’international (une socio-économie de type staple). À l’échelle meso-politique, ces régimes de ressources sont des arrangements politiques dynamiques qui, tout en stabilisant l’exploitation des ressources, favorise les acteurs extractivistes au détriment des acteurs tiers. À l’échelle micro-sociale, ces régimes de ressources sont enfin des contraintes institutionnelles pour les acteurs territoriaux face à la mise en œuvre de l’exploitation des ressources naturelles. Chacune de ces temporalités porte la marque d’un paradoxe écologique : le capitalisme des ressources n’a pas grand-chose à voir avec le marché (du fait du rôle des grandes organisations), de moins en moins à partager avec la société canadienne (du fait des contestations croissantes) et favorise la dépossession des communautés locales de leur environnement (en dépit de progrès récents). En conclusion, nous reviendrons sur la signification politique de ce type de développement.