Le compostage collectif urbain à l'épreuve de ses interdits

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19 février 2019

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Véronique Philippot et al., « Le compostage collectif urbain à l'épreuve de ses interdits », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10.4000/vertigo.20743


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Le compostage collectif urbain est une pratique qui se développe dans les grandes villes françaises. À Strasbourg, ces actions citoyennes encouragées par les politiques locales et encadrées par la collectivité sont initiées par des collectifs de quartiers ou privés. Les habitants référents décident et font appliquer leurs règles propres. L’émergence des listes d’apports interdits traduit une volonté de contrôle des processus pour éviter tout désagrément sur des espaces partagés. Les indésirables sont simplement mentionnés par les accompagnateurs qui agissent pour la collectivité territoriale, comme bio déchets à surveiller, mais nos enquêtes ethnographiques auprès de la population impliquée montrent que l’idée de risque lié à ces apports est amplifiée par les référents des sites. Les règles sont globalement bien acceptées par les praticiens conciliants et confiants, dans un souci de cohésion sociale. Les interdits représentent plusieurs catégories d’apports biodégradables, les plus généralisés concernant les produits carnés, les coquilles d’œufs non broyées et les restes d’agrumes, mais aussi les déchets d’oignon et d’ail et ceux considérés comme pourris ou moisis. Les arguments verbalisés puisent dans divers registres allant du pragmatisme (gestion espace-temps) à l’idéologie subjective en passant par des faits présentés comme scientifiques ou intuitifs. Cependant, la surenchère d’interdits limite la biomasse pouvant échapper à l’incinération. L’encouragement aux expérimentations in situ et le recours facilité aux savoirs scientifiques sur les processus biologiques et organismes associés pourraient rassurer les référents et donc assouplir les interdits afin de mieux répondre à la nécessité première du compostage de réduire les déchets à la source.

Urban community composting is on the rise in large French cities. In Strasbourg (Alsace), neighborhood or private groups organize composting initiatives, encouraged by local policies and supervised by local authorities. The residents in charge decide and enforce the rules for composting locally. Increasingly, lists of banned inputs are posted, reflecting an effort to control processes in order to avoid inconveniences in shared spaces. While the local authority employees tasked with supervising simply mention ‘undesirable’ inputs as bio-waste material to be monitored, our ethnographic research shows that the risks associated with them are amplified by the residents in charge. The rules are generally easily accepted by accommodating and trusting practitioners, concerned with social cohesion. The prohibited items belong to several categories of biodegradable inputs, often meat products, non-crushed eggshells and citrus, as well as onion, garlic and rotten or moldy leftovers. The arguments put forward to justify these prohibitions draw on various registers ranging from pragmatism (space-time management) to subjective ideology, scientific facts or institutions. However, as the list of banned inputs gets longer, the amount of biomass than can escape incineration diminishes. Encouraging on-site experiments and facilitating access to scientific knowledge about biological processes and the associated organisms might therefore reassure the residents in charge of composting and relax the bans to better respond to the crucial need for reducing waste at the source.

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