2 août 2019
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Marine Legrand et al., « L’extension du domaine des herbes hautes : itinéraires croisés dans la gestion des prairies urbaines », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10.4000/vertigo.25028
Dans les parcs urbains gérés de manière écologique, la place laissée aux prairies forme un motif récurrent de tensions professionnelles, à la rencontre entre pratiques horticoles et ingénierie écologique. Cet article explore les rencontres entre relations esthétiques à l'espace jardiné et redéfinition des pratiques d’aménagement. Le propos part d’une étude de cas en France, en Seine-Saint-Denis, autour du parc Georges Valbon (400 hectares de pelouses, prairies, étangs et boisements aujourd’hui classés Natura 2000) à partir de deux enquêtes ethnographiques menées de 2012 à 2016. La prise en compte de la biodiversité s’y accompagne d’une transformation des formes de « théâtralité » dans le jeu jardinier avec les plantes, engendrant des frictions à différents niveaux. La négociation des limites entre pelouses et prairies s’appuie sur la valeur accordée à différents types d’usages : en effet entrer dans les prés c’est déjà faire un pas vers l’en-dehors de la ville et donc vers des usages différents de l’espace public, où le parcours et l’immersion deviennent centraux. Mais la montée en herbe, qui résulte d’un lâcher prise sur les dynamiques végétales traduit du point de vue des techniciens, paysagistes et jardiniers de filiation horticole, une perte de contrôle sur la nature. Apparait ainsi la friche, figure de la banalité et de le l’effacement du dessin paysager. Conserver la main sur la pousse de l’herbe passe dès lors par un jeu avec les dynamiques écologiques qui ne concerne pas que les plantes et va au-delà d’une lutte contre la fermeture des milieux.