19 mai 2014
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Tamar S. Drukker, « Language and Silences in two of Aharon Appelfeld’s Coming-of-age Tales », Yod, ID : 10.4000/yod.2120
Hugo, le héros de onze ans du roman d’Appelfeld Pirḥe ha-afela (« Fleurs de ténèbres », publié en hébreu en 2006, traduit en français sous le titre La chambre de Mariana) « aime écouter les mots », leurs sons font souvent naître des images dans son esprit. Quand les nazis commencent à liquider le Ghetto, sa mère le confie à son amie d’enfance, Mariana, une prostituée ukrainienne. Quand elle l’embrasse pour la dernière fois, il n’arrive pas à prononcer le mot « maman ». Le langage disparaît et, avec lui, tous ses souvenirs d’enfance. Il est remplacé par le silence et par un nouveau lexique fonctionnel : « Maintenant, ce ne sont pas les mots qui lui parlent, mais le silence. » Appelfeld écrit : « C’est une langue difficile, mais une fois qu’on l’adopte, aucune autre langue n’est aussi efficace. »Dans une nouvelle écrite longtemps auparavant, « Kitty » (publiée en hébreu dans le recueil, Ba-gay ha-poreh, « Dans la vallée fertile », 1963 ; trad. française F. Rameau-Le Davay in Anthologie de la prose israélienne, textes choisis et présentés par M. Hadas-Lebel, Paris, Albin Michel, coll. « Présences du judaïsme », 1980), Appelfeld présente aux lecteurs une jeune fille juive cachée dans un couvent. Kitty a le même âge que Hugo et, comme Hugo, elle est entourée par le silence et sa mutité lui permet de créer une réalité parallèle. Cet article se propose d’examiner le langage, le silence et l’incapacité d’employer le langage dans leur rapport à la maturité des jeunes protagonistes qui se retrouvent dans une réalité insoutenable.