2004
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Cinémas : Revue d'études cinématographiques ; vol. 15 no. 1 (2004)
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Walid El Khachab, « Les exilés dans l’Amérique cinématographique : Intermédialité et mémoire dans America America de Kazan », Cinémas: Revue d'études cinématographiques / Cinémas: Journal of Film Studies, ID : 10.7202/011656ar
La mémoire n’est pas une reconstitution de l’expérience, mais une production. L’expérience de l’immigration des Grecs anatoliens vers l’Amérique, telle que racontée par Elia Kazan dans America America, procède de ce principe. Le film se présente comme un témoignage sur la souffrance d’un peuple victime d’un autre, mais dit en silence autre chose que ce qu’il dit, selon la formule de Foucault. Sur le point d’arriver en Amérique, le héros grec exécute une danse turque, remettant en cause la dichotomie des altérités. Cette séquence produit une mémoire de la réconciliation, plutôt qu’une vision étroite désignant des victimes et des bourreaux.