2005
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Protée ; vol. 33 no. 3 (2005)
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Johanne Villeneuve, « Le corps du père : Le sens de la « grâce » dans Le Pornographe de Bertrand Bonello », Protée, ID : 10.7202/012504ar
Dans son film Le Pornographe, Bertrand Bonello cristallise le conflit entre père et fils dans ce qu’il a d’actuel et de paradoxal : la confusion entre les pères et les fils qui rend caduque toute filiation en même temps qu’elle empêche tout véritable rejet du passé. Entre le sexe à l’état pur (qui est le credo du père devenu pornographe dans les années 1970) et l’idéal de pureté du fils qui désire avoir un enfant, entre l’ascétisme de la pornographie associé au père et la symbolique romantique du fils, la confusion s’établit sans qu’il soit possible ni au père ni au fils d’accéder à la transmission. Le film dévoile ainsi l’aporie qui est au coeur de la filiation, et que vient illustrer éloquemment la reprise du motif esthétique et théologique de la « grâce ».