2006
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Ethnologies ; vol. 28 no. 1 (2006)
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Vertus Saint-Louis, « Le surgissement du terme « africain » pendant la révolution de Saint-Domingue », Ethnologies, ID : 10.7202/014153ar
Deux constats sont à l’origine de cet article : le sens attribué dans la vie courante en Haïti aux termes « nègre », « africain » et « citoyen », ensuite la distinction entre citoyens et Africains observée dans certains textes relatifs à l’abolition de l’esclavage en 1793 et 1794. L’auteur relève l’usage du vocable africain par les acteurs qui ont dominé la scène politique sous la révolution haïtienne. Il démontre que leur emploi de ce terme soulève un problème important, relatif au statut social, à l’identité et à la nationalité, pas seulement des anciens esclaves, mais de tous les indigènes. Les chefs mulâtres ne revendiquent aucune origine africaine et désignent les cultivateurs sous le vocable « africain », considéré comme infamant. Les leaders noirs se taisent sur leur origine africaine et sont aussi impitoyables que les chefs mulâtres envers les cultivateurs. Ces dirigeants perpétuent une image négative de l’Africain. Le courant indigéniste a essayé, au début du XXe siècle, de réhabiliter l’image de l’Africain aux yeux de l’Haïtien, mais sa reconstruction de l’histoire n’est pas scientifique, car il est impossible de faire des leaders noirs de la révolution des représentants des cultivateurs.