2006
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Revue d'histoire de l'Amérique française ; vol. 60 no. 1-2 (2006)
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Stéphane Castonguay, « Foresterie scientifique et reforestation : l’État et la production d’une « forêt à pâte » au Québec dans la première moitié du xxe siècle », Revue d’histoire de l’Amérique française, ID : 10.7202/014595ar
Cet article examine l’essor de la foresterie au Québec pour décrire les modalités par lesquelles l’État utilise l’activité scientifique afin d’exercer un contrôle sur son territoire. En nous intéressant à une pratique – la reforestation – et à une institution – la pépinière provinciale de Berthierville –, nous proposons une lecture du développement de la foresterie scientifique au Québec où la reconfiguration du paysage forestier permet la mise en place d’un ordre naturel et social. Pour ce faire, nous situons la pépinière de Berthierville à la jonction de deux réseaux : un premier qui fournit le ministère des Terres et Forêts avec un personnel qualifié et une connaissance technique, et un second qui situe la reforestation au centre d’une stratégie pour récupérer le territoire abandonné au mouvement de colonisation et le ramener à un usage productif. L’examen des activités scientifiques du ministère des Terres et Forêts dans la première moitié du xxe nous indique comment la reforestation, une pratique centrale de la foresterie scientifique au Québec, appelle une représentation spécifique de la forêt en regard de l’essence qu’elle promeut – l’épinette blanche – et un façonnement tout aussi spécifique du paysage forestier. La dimension normative de cette pratique et de cette essence se révèle dans le procès de reconquête des terres abandonnées et dans un travail d’encadrement des activités de colonisation.