1996
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Anthropologie et Sociétés ; vol. 20 no. 1 (1996)
Tous droits réservés © Anthropologie et Sociétés, Université Laval, 1996
Florence Piron, « Ecriture et responsabilité. Trois figures de l'anthropologue », Anthropologie et Sociétés, ID : 10.7202/015398ar
Écriture et responsabilité. Trois figures de l'anthropologueLes travaux de Foucault nous ont fait comprendre comment les scientifiques, auteurs de « la » science, contribuent à construire le monde contemporain en le décrivant, en l'analysant, en l'objectivant, en le décortiquant jusque dans les moindres recoins de ses marges. Implicitement ou non, ces acteurs cruciaux proposent dans leurs textes des formes d'humanité auxquelles leur pouvoir de « dire le vrai » peut donner une immense résonance. Comment comprendre et vivre cette responsabilité ? Privilégiant l'éthique du souci des conséquences, cet article propose trois figures de l'anthropologue qui ont un rapport différent avec les conséquences des textes qu'ils publient. Le chercheur classique maintient une distance qu'il juge nécessaire entre son travail et ses conséquences éventuelles. Le chercheur coupable est submergé par sa position de pouvoir à l'endroit de ceux qu'il décrit et cherche des moyens d'y échapper. Le chercheur solidaire se soucie du devenir du monde qu'il partage avec autrui au point d'accepter de soumettre son travail d'écriture à ce souci et de prendre la responsabilité des conséquences de ses textes, même s'il ne peut les contrôler. Cette écriture « soucieuse » peut être comprise, selon l'expression de Foucault, comme une « pratique réfléchie » et non indifférente de la liberté, qui peut contribuer à revitaliser le " soi moral " dans le monde actuel.Mots clés : Piron, anthropologie, éthique, écriture, souci, liberté