2008
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Revue d'histoire de l'Amérique française ; vol. 61 no. 3-4 (2008)
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Jonathan Fournier, « Des commissions d’enquêtes aux revues savantes : Le long parcours des économistes québécois francophones vers l’autonomie universitaire (1939-1975) », Revue d’histoire de l’Amérique française, ID : 10.7202/019129ar
L’institutionnalisation des sciences économiques est très fortement liée à la consolidation de l’État-nation et à la croyance que tout État peut et doit intervenir sur l’économie pour affirmer sa souveraineté nationale. Cette utilisation grandissante du travail des économistes par les différents gouvernements donne une visibilité et une légitimité à la discipline en pleine croissance. Les différentes instances gouvernementales embauchent de nombreux économistes. Elles s’assurent également de la collaboration de la majorité des économistes universitaires. C’est donc dans un cadre très pragmatique qu’évoluent les premiers économistes québécois. Cependant, cette collaboration entre savoir et pouvoir ne va pas sans heurts. Plusieurs économistes estiment que la discipline est à la remorque de l’État et luttent contre son instrumentalisation. Cette collaboration entre les économistes et le champ bureaucratique est si importante que de nombreux économistes lancent des cris d’alarme sur la perte d’indépendance des universitaires quant à l’orientation de la recherche. Parmi les stratégies déployées pour conquérir cette autonomie, on fait la promotion du professeur-chercheur, qui doit produire avant tout pour ses collègues.