2000
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Walid El Khachab, « Un cinéma soufi? Islam, ombres, modernité », Cinémas: Revue d'études cinématographiques / Cinémas: Journal of Film Studies, ID : 10.7202/024838ar
Dans sa Poétique du cinéma, Raoul Ruiz cite l'émir Abdel Kader, qui utilise la figure de l'appareil photographique comme allégorie du rapport entre Dieu et les créatures : Dieu est invisible, mais la reproduction de ce négatif initial qu'est son image constitue les créatures et le papier des photos reproduites (Materia prima) correspond à la disponibilité du possible. Selon ses propres termes, Raoul Ruiz fait une lecture oblique d'Abdel Kader : en partant d'une perspective néoplatonicienne, il confine les réflexions de l'émir au statut des ombres projetées sur l'image (de Dieu) dans leur rapport avec la réalité. Ma lecture, peut-être oblique elle aussi, prétend jeter les bases d'une théorie fondée sur la dimension politique du soufisme et la conception soufie des ombres chinoises, qui pourrait expliquer le statut du cinéma et son rapport intrinsèque avec le mélodrame dans les pays de culture islamique.