2002
Ce document est lié à :
Journal of the Canadian Historical Association ; vol. 13 no. 1 (2002)
All rights reserved © The Canadian Historical Association/La Société historique du Canada, 2003
Timothy J. Stanley, « Bringing Anti-Racism into Historical Explanation: The Victoria Chinese Students’ Strike of 1922-3 Revisited », Journal of the Canadian Historical Association / Revue de la Société historique du Canada, ID : 10.7202/031157ar
La théorie antiraciste nous amène à nous interroger sur la construction sociale et sur la nature contestée des catégories raciales. Le présent article applique cette théorie antiraciste à l'étude de la grève des étudiants chinois, qui se déroula en 1922-1923, à Victoria, en Colombie-Britannique ; l'auteur démontre que la ségrégation scolaire était moins une question de répartition d’étudiants qu'une question nationale : les Chinois, en tant que groupe discriminé, pouvaient-ils ou pourraient-ils faire partie du Canada tel qu’on le concevait comme nation ? Non seulement le discours racial marginalisait-il les Chinois à l'extérieur de cet idéal national, mais approuvait-il aussi le colonialisme en endossant l'occupation anglo-européenne du territoire de la Colombie- Britannique. Par ailleurs, il existait à Victoria un groupe important de Chinois nés au Canada, qui étaient passés par les écoles dirigées par le gouvernement provincial, et qui avaient assimilé les valeurs dominantes. Ce groupe avait acquis suffisamment d'assurance culturelle pour contester ouvertement les polarisations raciales. Il affirmait sa « canadianité » à sa façon et s'opposait vigoureusement à la discrimination. L’intervention des antiracistes anglo-européens dans la querelle contribue davantage à montrer que les catégories raciales étaient des constructions sociales contestées. Finalement, la Loi de l'immigration chinoise de 1923, qui frappe durement d'ostracisme les Chinois au Canada, explique la manière dont s'est conclue la grève des étudiants au début de l'année scolaire 1923-1924.