1998
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TTR : traduction, terminologie, rédaction ; vol. 11 no. 2 (1998)
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Monique Schneider, « Éprouver le passage », TTR: Traduction, terminologie, rédaction, ID : 10.7202/037334ar
Éprouver le passage — Lorsque se trouve accentuée la dimension de perte inhérente à l'accès au symbolique, la traduction peut apparaître comme le champ privilégié où s'étale cette perte. Direction suivie par J.-B. Pontalis parlant de « la mélancolie du langage » et dotant le traducteur de « la capacité infinie d'être triste ». Une autre orientation se dessine si la traduction est envisagée dans son exercice même et non dans son seul résultat. L'expérience analysée sera celle de la retraduction des textes de Freud, mettant au jour les opérations à l'oeuvre dans les traductions officielles : maquillage des termes se rapportant à la scène de séduction et à la possibilité, pour le maître, d'avoir accès à la jouissance. Ce qui conduit à une mise en abyme du procès de la séduction.De la traduction mystifiée à la traduction impossible : c'est la tentative même de franchissement qui fait apparaître l'inconvertible dans une langue, l'exemple choisi étant le signifiant allemand, Leib, terme désignant, par opposition à Körper, le corps vivant ou le corps en creux, donc connoté de féminité; connotation qu'aucun terme français ne pourra rendre.