2009
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Études littéraires ; vol. 40 no. 3 (2009)
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Émilie Brière, « Faits divers, faits littéraires. Le romancier contemporain devant les faits accomplis », Études littéraires, ID : 10.7202/039251ar
Si, dans la première moitié du XIXe siècle, la littérature a pu servir de fond commun aux « manières de raconter » le monde et imposer ainsi sa marque au discours journalistique naissant, aujourd’hui c’est au roman — dont la frange la plus exigeante, au cours des décennies 1960-1970, a laissé en friche la référence à des événements connus et reconnaissables — de réinventer son appréhension du réel à l’aune du traitement que les médias lui réservent. Les romanciers français contemporains soumettent la pratique journalistique à la critique, ce qui leur permet en regard de légitimer leurs propres pratiques discursives ainsi que la saisie du réel qu’elles autorisent. Par l’examen de trois romans parus au cours des dix dernières années et qui ont en commun de tirer leur matière d’événements ayant défrayé la chronique (L’Adversaire d’Emmanuel Carrère, Moloch de Thierry Jonquet et L’Enfant d’octobre de Philippe Besson), je propose d’analyser à la fois les procédés textuels et les arguments convoqués par les romanciers pour définir l’efficace spécifique du roman dans sa saisie du réel.