2008
Tous droits réservés © Centre d’études franco-canadiennes de l’Ouest (CEFCO) et Presses universitaires de Saint-Boniface (PUSB), 2009
Pamela V. Sing, « Cuisine et identité culturelle: discours et représentations chez des écrivains franco-canadiens et métis d’ascendance française contemporains », Cahiers franco-canadiens de l'Ouest, ID : 10.7202/039394ar
Dans cet article, Pamela V. Sing s’intéresse à une écriture révélatrice de l’importance du lien entre la langue maternelle ou ancestrale et l’identité, et ce, même chez ceux dont les pratiques linguistiques sont hautement diglossiques. Les trois écrivains dont il est question ici, Paulette Dubé, Sharon Proulx-Turner et Joe Welsh, ont des liens avec les Franco-Métis du XIXe siècle dont la culture et les pratiques ont subi une cruelle stigmatisation dès 1885, l’année de la défaite des Métis à la bataille de Batoche, suivie de la mise à mort de Louis Riel, condamné pour haute trahison. Pendant presque un siècle, celui du «Grand Silence», ils ont constitué le «peuple oublié du Canada», et lorsqu’ils sont retournés sur la scène publique, c’était en tant qu’anglophones pour qui bien des pratiques culturelles ancestrales avaient été oubliées. Aujourd’hui, les écrivains d’ascendance franco-métisse pratiquent une écriture qui, en se rappelant certains aspects de leur patrimoine, subvertit les stéréotypes réducteurs et dévalorisants dont les leurs sont victimes depuis longtemps. Il en résulte, entre autres, un discours culinaire dont le fonctionnement consiste à transformer une pratique culturelle en code culturel. Comme la remémoration de mets traditionnels fait presque inévitablement appel à la langue ancestrale, on a affaire à des textes hybrides écrits principalement en anglais, mais où viennent surgir des bribes dans une langue première dont le souvenir est aussi indestructible qu’il est imparfait. Il s’agit d’une écriture «bi-langue» étonnamment poétique, innovatrice et traditionnelle en même temps.