2009
Tous droits réservés © Université du Québec à Montréal, 2009
Catherine Mavrikakis, « Les visages de l’antidépresseur : Pathologisation du corps féminin », Frontières, ID : 10.7202/039453ar
À travers l’analyse du discours tenu sur la mort par overdose de la playmate Anna Nicole Smith, il est possible de penser quelle place occupent l’antidépresseur et l’imaginaire sur le suicide des « belles femmes » dans la constitution sociale du sex-appeal féminin. Nous assistons à une pathologisation du corps féminin (Foucault) qui devient à l’heure actuelle la cible des compagnies pharmaceutiques promettant non seulement la santé mais aussi la beauté. Grâce à un court retour sur les liens de l’histoire de la photographie et de la santé mentale – on pense à Charcot (voir Didi-Huberman) –, on voit comment l’image publicitaire poursuit aujourd’hui le travail de représentation et surtout d’invention du visage de la dépression, travail commencé au xixe siècle. Mais le visage actuel qui incarne le « malaise féminin » n’est pas seulement celui de la laideur. Il est aussi celui de Marylin Monroe ou d’Anna Nicole Smith. C’est-à-dire que les images de la dépression au féminin se confondent parfois avec celles qui suscitent le désir. Le médicament devient alors ce qui domestique le mal des femmes en rendant celui-ci séduisant et inoffensif pour la société.