2010
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Globe : Revue internationale d’études québécoises ; vol. 13 no. 1 (2010)
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Maurice Demers, « L’autre visage de l’américanité québécoise. Les frères O’Leary et l’Union des Latins d’Amérique pendant la Seconde Guerre mondiale », Globe: Revue internationale d’études québécoises, ID : 10.7202/044642ar
Cette étude analyse le rôle de l’Union des Latins d’Amérique (ULA) durant la Deuxième Guerre mondiale en traitant de la portée et du sens contextuel du discours de la latinité développé lors de ses rencontres. L’américanité québécoise latinisée véhiculée par les représentants de l’Union des Latins avait ceci d’original qu’elle réconciliait la continentalité constitutive de la nation et son héritage français par l’évocation d’une culture latine partagée par les centaines de millions d’hispanophones et de lusophones des Amériques. Les perspectives de l’ULA favorisaient par ailleurs un décloisonnement des relations internationales du Québec. Alors que le conflit mondial isolait le Canada français de l’Europe, limitant ses relations étrangères au continent anglo-protestant le ceinturant, plusieurs Québécois joignirent l’ULA pour se divertir, étudier la culture latino-américaine et se réinventer une géopolitique plus favorable à la survie de la nation canadienne-française. Au-delà des mondanités, les rencontres de l’Union des Latins acquirent une signification particulière au fil de la guerre puisqu’elles constituaient un espace où l’avenir du Canada français pouvait être discuté sans trop risquer la censure. L’association rassembla des nationalistes de l’Université de Montréal, des membres influents de la petite bourgeoisie montréalaise et une partie importante de la classe politique canadienne-française pour promouvoir un rapprochement culturel et politique entre Latins du Nord et du Sud. Des nationalistes radicaux comme les frères O’Leary y rencontraient d’ardents fédéralistes comme T. D. Bouchard pour discuter de transnationalisme latin avec les diplomates latino-américains en poste à Montréal, ce qui finit quand même par provoquer un certain malaise à Ottawa.