Spectacles douloureux, exhibitions malsaines. Présentations et représentations de la mort à Paris au xixe siècle

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2010

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Cinémas : Revue d'études cinématographiques ; vol. 20 no. 2-3 (2010)

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Patrick Désile, « Spectacles douloureux, exhibitions malsaines. Présentations et représentations de la mort à Paris au xixe siècle », Cinémas: Revue d'études cinématographiques / Cinémas: Journal of Film Studies, ID : 10.7202/045144ar


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Tenant pour acquis que le thème central du cinéma d’horreur est la mort, l’auteur s’interroge sur le contexte de son émergence en examinant (dans les limites du domaine français) des spectacles qui lui sont antérieurs et dont la mort était l’objet. Le xixe siècle a connu, à côté d’innombrables représentations, des spectacles de présentation de la mort. L’exposition publique à la Morgue et les exécutions capitales étaient offertes à une large fréquentation ; des récits accompagnaient ces visions. Mais le cinéma d’horreur ne constitue pas pour autant leur prolongement par d’autres moyens. L’auteur expose en effet un processus plus complexe. Le regard sur la mort change au cours du siècle. À partir des années 1870 s’amorce un processus d’occultation. L’exposition à la Morgue cesse en 1907 ; l’abolition de la peine de mort est envisagée en 1908. Pourtant, dans le même temps, le cinéma montre des scènes d’exécutions. Quand les décapitations, un temps suspendues, reprennent spectaculairement en 1909, elles sont, semble-t-il, filmées. Mais toute projection de scène d’exécution est aussitôt interdite : c’est la naissance de la censure cinématographique en France. Le spectacle de la décapitation réelle est dès lors tabou au cinéma. C’est qu’il peut être considéré comme spectacle de l’horreur par excellence, pour plusieurs raisons que l’examen de l’imaginaire de la décapitation fait apparaître.

Taking the view that the central theme of horror films is death, this article enquires into the context of their emergence by examining the spectacles, in France, which predated them and whose subject was death. In addition to countless representations of death, the nineteenth century was a time of presentations of death. Public displays at the Paris morgue and public executions were attended by many, and narratives accompanied these showings. Horror films, however, are not their continuation by other means. The author describes a more complex process in which our view of death changes over the course of the century. Beginning in the 1870s, a process of concealment began to take hold. Public displays at the morgue ceased in 1907, and the first bill to abolish the death penalty was introduced in 1908. During the same period, however, films showed execution scenes. When decapitations, which had been suspended for a few years, recommenced in 1909, it appears they were filmed. But any screening of executions was quickly prohibited, thereby giving birth to film censorship in France. The spectacle of real decapitation was henceforth taboo in French cinema. For a variety of reasons, decapitation might be viewed as the horror spectacle par excellence, as the author’s discussion of imaginary depictions of it reveals.

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