2010
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Cinémas : Revue d'études cinématographiques ; vol. 20 no. 2-3 (2010)
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Richard Bégin, « L’horreur post-apocalyptique ou cette terrifiante attraction du réel », Cinémas: Revue d'études cinématographiques / Cinémas: Journal of Film Studies, ID : 10.7202/045149ar
Le film post-apocalyptique plonge le survivant dans une situation où le recours aux références symboliques qui fondent sa culture occidentale s’avère impossible. Dans la « zone » post-apocalyptique, le survivant fait d’emblée l’expérience de la destruction de son monde, tout en étant confronté aux restes matériels et vivants d’une réalité sociale dont l’événement catastrophique n’aura préservé que l’abîme ; cet abîme étant celui du réel tel que l’a théorisé Jacques Lacan. Le réel est ce qui résiste au sens tout en devant sa persistance attractionnelle à une culture qui ne cherche qu’à en refouler la misère essentielle. Le survivant post-apocalyptique erre ainsi dans un avenir indéterminé où se perpétue l’image traumatique d’une culture occidentale désormais impossible. Cette impossibilité constitue le coeur négatif de la réalité sociale, sa part de réel. Le film d’horreur post-apocalyptique institue l’économie narrative de cette impossibilité en personnifiant l’image traumatique de la culture occidentale par l’entremise du zombie, véritable figure refoulée du sujet socialisé. C’est en introduisant ainsi l’abîme dans le registre de l’iconicité que le film d’horreur post-apocalyptique fait le récit d’une impossibilité inhérente à la réalité sociale et sur laquelle repose l’attraction d’une monstruosité originaire et refoulée.